l'Ile Saint Louis
L’île Saint-Louis demeure le quartier le plus homogène de Paris, le mieux conservé bien que ses extrémités aient été touchées par les opérations d’Haussmann.
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Fin XVIe, l’idée est de créer deux nouveaux ponts sur la Seine en s’appuyant sur les deux îles en amont de l’île de la Cité, l’île Notre-Dame et l’île aux vaches (1), propriétés des chanoines de Notre-Dame qui y entretenaient un maigre troupeau. En 1609, l’entrepreneur et ingénieur Christophe Marie, inventeur d’un système de pont en bois et constructeur du premier pont de Neuilly, propose à Henri IV de construire un pont entre le Marais et la rive gauche. Le projet est approuvé par le Conseil Royal et en 1614, Marie et deux associés, Poulletier et Le Regrattier, s’engagent à construire les deux ponts et à aménager les deux îles (construction des quais, comblement du canal et remblaiement) ; en contrepartie, ils obtiennent le droit de lotir les terrains.
Le plan du lotissement de l'île est arrêté à cette époque : une rue axiale et des transversales ; les quais ont une vocation résidentielle alors la rue axiale (rue Saint-Louis-en-l’île) accueille des immeubles plus modestes et des activités commerciales. Deux ponts provisoires en bois sont construits rapidement (1617 – 1620) pour permettre les travaux et faciliter la vente des terrains. Mais l’opération s’avère plus couteuse que prévue, les chanoines contestent l’indemnité proposée, les mariniers s’inquiètent des entraves à la navigation. Le pont Marie, commencé en 1614 ne sera terminé qu’en 1630 ; celui de la Tournelle ne sera achevé qu’en 1656.
Les trois associés pour faire face aux difficultés de financement sont contraints de vendre les terrains à des intermédiaires qui réaliseront des plus-values importantes lorsque, avec l’achèvement du pont Marie, parlementaires, magistrats et financiers commencent à faire construire de beaux hôtels sur les quais alors que, rue Saint-Louis-en-l’Ile, on trouve des maîtres maçons et des artisans du bâtiment qui reçoivent des parcelles en règlement des travaux. En 1642, Richelieu décide que le solde de l’indemnité versée aux chanoines (plus du double de la somme initiale) sera à la charge des acquéreurs de terrains. Les trois associés initiaux sont déclarés insolvables et ce sont les propriétaires de terrains qui, outre l’indemnisation des chanoines, financent l’achèvement des travaux des quais et des rues entre 1643 et 1653.
L'île Saint Louis I. Silvestre | L'Hôtel Hesselin. Louis Le Vau. RMN |
Parmi les intervenants dans la fin des travaux, il faut noter la forte présence de l’architecte Louis Le Vau qui, associé à son père et à son frère, achète des terrains soit pour y construire soit pour les revendre. Outre les hôtels de Lambert (illustration cliquez ici) et Lauzun, on lui doit plusieurs maisons et hôtels dans l’île (dont sa propre maison) ainsi que l’église qui ne fut achevée qu’au XVIIIe s.
Abbé J. Delagrive, plan parcellaire de l'île Saint-Louis 1754 cliquez ici