Le Marais 

 


Le Marais et le quartier Saint-Paul au Moyen Age

A l’origine le Marais forme, comme son nom semble l’indiquer (1), un vaste espace marécageux compris entre la voie romaine (rue Saint-Martin) à l’ouest, la Seine au sud et l’ancien bras du fleuve qui formait une vaste courbe suivant approximativement le bassin de l’Arsenal, le boulevard Richard-Lenoir, la place de la République puis les rues du Château d’Eau, des Petites Ecuries, Richer, de Provence, La Boétie, pour rejoindre le cours moderne du fleuve place de l’Alma. Cet espace était traversé d’ouest en est par la voie romaine (la rue Saint-Antoine) et comportait quelques buttes insubmersibles sur lesquelles se sont implantées les églises mérovingiennes Saint-Gervais et Saint-Paul.
Ce secteur de la rive droite se développe autour de la place de Grève, de son port et de son marché, au Xe et XIe siècle et une première enceinte construite vers l’an mil enserre un espace d’une vingtaine d’hectares (cf. Paris en l’an mil et en 1150).

 Au XIIIe siècle également de nombreuses communautés religieuses s’installent dans le Marais : Sainte-Catherine-du-Val-des-Ecoliers (1229, suite à un vœu de Philippe Auguste à la bataille de Bouvines), Béguines de l’Ave-Maria (vers 1230), les Blancs-Manteaux (1258, couvent reconstruit fin XVIIe), Bonnes Femmes de Sainte-Avoye (1283, pour les veuves pauvres), Sainte-Croix-de-la-Bretonnerie, les Billettes (seul cloître du Moyen-Age subsistant), le Petit-Saint-Antoine (milieu du XIVe). 
Le couvent des Célestins formait le plus vaste domaine monastique du quartier avec Saint-Martin-des-Champs et l’Enclos du Temple. Installés en 1352 en remplacement de Carmes partis place Maubert, ils sont richement dotés par Charles V. Les bâtiments furent reconstruits sous François Ier, le cloître était considéré comme le plus beau de Paris. La caserne des Célestins occupe leur emplacement. Cf le plan des Célestins au XVIIIe s.

 < le Marais fin XVe siècle 

La fondation, en 1060, de l’abbaye de Saint-Martin-des-Champs va entraîner la création d’un bourg au sud du monastère et d’une nouvelle paroisse Saint-Nicolas-des-Champs le long de la route de Senlis (rues au Maire, des Gravilliers, Chapon, de Montmorency, ouvertes au XIIIe s. entre la rue Saint-Martin et la rue du Temple). Au XIIIe siècle, les Templiers d’abord installés derrière Saint-Jean-en-Grève, développent un grand enclos dans la partie nord du Marais. Très riches, ils possèdent un vaste ensemble de terrains qui constitue une grande partie du Marais actuel et sera coupé en deux par l’enceinte de Philippe Auguste (1190-1210). A partir de 1279, ils vont lotir les terrains au sud de l’Enclos, entre la rue de Bretagne et le rempart et créer la « ville neuve du Temple ». Sont ainsi ouvertes la rue des Archives - alors rue du Chaume -, les rues Portefoin, Pastou-relle, des Haudriettes, de Braque. La partie est du domaine reste cultivée jusqu’au début du XVIIe, la Couture du Temple.

Les lotissements du bourg Saint-Martin et de la villeneuve du Temple >

 

Le quartier prend sa délimitation définitive avec la construction de l’enceinte de Charles V (1367-1383).


L'Hôtel Saint-Pol, l'hôtel des Tournelles

Au XIVe s. la partie est du quartier Saint-Paul, entre la rue Saint-Paul et les Célestins, accueille des hôtels aristocratiques (Hôtel d’Etampes, hôtel des archevêques de Sens). A partir de 1360 le dauphin Charles, Charles V en 1364, acquiert tous les terrains entre les rues Saint-Paul, Saint-Antoine, du petit Musc et la Seine. Il y fait construire une résidence royale, l’hôtel Saint-Pol, d’un genre nouveau, non plus un château fortifié mais une résidence d’agrément, proche toutefois de la Bastille. Il complète les bâtiments des hôtels anciens par des salles d’audience et de réception, les relie par des galeries et de beaux jardins agrémentés d’une ménagerie (dont la rue des Lions conserve le souvenir) et de volières.

 

La proximité de l’hôtel Saint-Pol entraîne la construction d’hôtels aristocratiques dans le quartier : hôtels d’Orléans, des Tournelles, de Clisson, Barbette… Le plus considérable est l’hôtel des Tournelles dont la construction est engagée par Pierre d’Orgemont, chancelier de France, en 1388. Propriété au début du XVe des ducs d’Orléans, il fut habité pendant l’occupation anglaise par le duc de Bedford qui l’agrandit et l’embellit. C’était un hôtel similaire à l’hôtel Saint-Pol, constitué de bâtiments divers entourés de jardins.

Le quartier Saint-Paul au milieu du XVIe siècle. Plan de Saint-Victor

Devenu résidence royale il fut habité, lors de leurs séjours à Paris par Charles VII, Louis XI, Charles VII, Louis XII et François Ier. Henri II y fit faire des travaux par Philibert de l’Orme, avant les joutes de 1559 dans lesquelles il fut tué. Sa veuve, Catherine de Médicis abandonna l’hôtel qui fut petit à petit aliéné et démoli (à l’instar d’ailleurs de l’hôtel Saint-Pol). Henri IV fit construire à son emplacement la place des Vosges. 
Le portail de l'hôtel de Clisson et la rue des Archives vers 1840.
 Anonyme. Carnavalet >


 L’hôtel de Clisson 1450

En 1371, Olivier de Clisson, compagnon et successeur de Bertrand du Guesclin en tant que connétable de France, entreprend la construction d’un hôtel particulier sur les terrains qu’il a acquis à l’extérieur des remparts de Philippe Auguste. De ce grand hôtel, déjà disposé entre cour et jardin, ne subsiste aujourd’hui que la porte fortifiée avec ses tourelles donnant sur la rue des Archives, rare vestige encore visible de l’architecture privée du XIVe siècle à Paris.

L’hôtel de Guise 1600

En 1553, l’hôtel de Clisson est acquis par François de Lorraine, duc de Guise. Son frère, Charles de Lorraine, agrandit l’hôtel en acquérant des terrains limitrophes et reconstruit le bâtiment en partie sur les fondations de l’hôtel de Clisson ; les travaux sont menés par Le Primatice, architecte et décorateur du palais de Fontainebleau. 






Voir le Marais aux XVIe et XVIIe siècles


(1) Le terme marais désignait au Moyen Age les terrains consacrés à la culture des légumes – d’où les termes maraîcher, maraîchage. Couture ou culture désignait les terres labourées.


Liens

Histoire du Marais 


Sources

Danielle Chadych, Le Marais, évolution d'un paysage urbain, Parigramme, Paris, 2010.

Jean-Pierre Babelon (direction), Le Marais, mythe et réalité, CHMHS et Picard, Paris, 1987.




Illustration du bandeau : Hôtel du Grand Prieur du Temple par Marot