La ville de l'an mil

   

Présentation

 - Paris de Robert II "le Pieux" (996 † 1031), environ 120 hectares et 10 000 à 15 000 habitants
  • Aux VIIIe et IXe siècles la ville perd de son importance, les rois n'y résident plus.
  • 845-911  Invasions normandes
  • 861  Charles le Chauve fait construire un pont défensif en aval du pont romain
  • 885-886  Sièges de Paris par les Normands
  • 900-1000  Formation du système féodal 
  • 911 Traité de Saint-Clair-sur-Epte
  • 987 Election d'Hugues Capet, roi des Francs

 

Carte détaillée

Paris en 1000                     

<  cliquez sur la carte


Dès la fin du VIIe s., le rôle politique de Paris décroît, les rois n'y résident plus et le pouvoir est exercé par l'évêque et le comte de Paris qui représente le roi.

Au VIIIe s. des enclos de cultures se forment sur la rive gauche, signe d'une certaine désurbanisation : clos de Garlande, clos Bruneau, clos du Chardonnet, clos de Laas, clos des Jacobins, clos aux Bourgeois... Ces clos joueront un rôle important dans le développement de la rive gauche au Xe et surtout au XIe siècle. La ville active, artisanale et commerçante, se réduit à l'île de la Cité, protégée par le rempart du Bas-Empire et à deux faubourgs sur la rive droite, autour de Saint-Germain-l'Auxerrois et entre Saint-Merri et Saint-Gervais où les constructions s'étendent en particulier autour de la place de Grève, à  la fois port et marché, cf. la Seine, les ponts, les ports.

Le IXe s. est marqué par une série d'attaques successives d'envahisseurs normands qui pillent les faubourgs sur les deux rives et incendient églises et abbayes. A la fin du siècle, des enceintes sont édifiées sur la rive droite pour protéger les paroisses de Saint-Gervais et de Saint-Germain-l'Auxerrois ; il s'agissait certainement de fossés précédant un talus portant des palissades en bois. Ces enceintes qui ont disparu rapidement, ont laissé des traces très nettes dans le tracé des rues et dans le parcellaire, cf. Les enceintes de ParisCharles-le-Chauve fait construire un pont défensif en aval, dans l’axe de la rue Saint-Denis, protégé peut-être par un premier Châtelet.

Avec la fin des invasions normandes (911, traité de St. Clair-sur-Epte) et l’installation des Capétiens (Hugues Capet 987-996), la ville connait un nouveau développement : la Cité se couvre d’églises dans un dédale de petites ruelles, les grandes abbayes périphériques sont reconstruites (Saint-Germain-des-Près, Saint-Martin-des-Champs), cf. L'île de la CitéL'Eglise au Moyen AgeSaint-Germain-des-Près et Sainte-Geneviève deviennent des centres d’enseignement et de culture qui commencent à faire la réputation de Paris.

Toutefois, la ville reste largement rurale, la richesse des grandes abbayes et de l’évêque provient de leurs domaines fonciers et de leurs droits seigneuriaux ; c’est à l’ombre de ces centres religieux que s’installent artisans et commerçants.

 


Illustration du bandeau :  monnaie carolingienne


 Paris en 1150

 


Présentation

 - Paris de Louis VII-le-Jeune (1137 † 1180), environ 170 hectares et 40 000 à 50 000 habitants

  • Début XIe s. Construction d’une enceinte sur la rive droite 
  • 990 milieu du XIe s.Reconstruction de Saint-Germain-des-Prés
  • 1060 Refondation de Saint-Martin-des-Champs
  • 1113 Reconstruction du Grand Pont, fondation de l’abbaye de Saint-Victor 
  • 1130 Construction du Grand Châtelet
  • 1140 Installation des Templiers derrière Saint-Jean-en-Grève
  • 1160 Maurice de Sully, évêque de Paris, décide la reconstruction de Notre-Dame
 
 Carte détaillée
Paris en 1150 
<  cliquez sur la carte



 
Evolution 1000 - 1150
cliquez sur la carte >
 


Carte Paris en 1150 sur fond de voirie actuelle    cliquez  ici


Le XIe et le XIIe s. voient le développement des activités artisanales et commerciales sur la rive droite autour de la place de Grève, cf. la Seine, les ponts et les ports. En 1137, en remplacement du marché de la place de Grève, un marché neuf est créé aux Champeaux, origine des Halles. Une communauté juive est installée au centre de la Cité, rue de la Juiverie (1) à côté de la synagogue et de la halle au blé. A partir de 1100, une bourgeoisie urbaine apparaît comme force politique à côté du roi, de l’évêque, des abbés et, à un moindre degré, des seigneurs féodaux. La corporation des « marchands de l’eau » obtient du roi le contrôle du trafic fluvial et des ports. Installé au Châtelet, le prévôt de Paris, agent du roi, administre la ville, mais les conflits en matière de police, de justice et de finances sont constants avec les autres « seigneurs » de la ville.

Au début du XIe s., une enceinte relie celles protégeant les bourgs de Saint-Germain-l'Auxerrois et de Saint-Gervais. Un siècle plus tard, elle se trouve débordée par l'extension de la ville. Sur la rive gauche, dans les clos Bruneau et Garlande, la vigne est arrachée pour y construire des maisons ; vers Saint-Germain-des Prés, la ville s’étend entre la rue de la Harpe et la rue Hautefeuille sur le clos de Laas. L’abbaye de Saint-Victor entraîne le développement d’un bourg et la construction d’une chapelle et d’une paroisse, Saint-Nicolas-du Chardonnet.

Les grandes abbayes (Saint-Germain-des-Prés, Sainte-Geneviève, Saint-Martin-des-Champs puis Saint-Victor) deviennent des centres économiques et intellectuels importants et génèrent la création de bourgs qui nécessitent de construire des églises pour leurs habitants (Saint-Sulpice, Saint-Etienne-du-Mont, Saint-Nicolas-des- Champs). Au début du XIIe siècle, l’enseignement se développe autour de Notre-Dame ; vers 1120 maîtres et élèves s'installent sur la montagne Sainte-Geneviève, l’école de Notre-Dame étant devenue trop petite Cf. l'Université.

Au sud, sur la route de Melun, le bourg Saint-Marcel qui accueille une population d'agriculteurs et de tanneurs est entouré d'une palissade et d'un fossé alimenté par les eaux de la Bièvre, cf. le faubourg Saint-Marcel.

Le milieu du XIIe s. est une époque charnière, de croissance démographique, de développement intellectuel et d’innovations techniques et artistiques ; c’est la transition du roman au gothique : les chœurs de Saint-Martin-des-Champs et de Saint-Germain-des-Prés et, au nord de Paris, la reconstruction de l’abbatiale de Saint-Denis par l’abbé Suger sont les premiers exemples de ce nouvel art de bâtir.



(1) Aujourd’hui rue de la Cité

 


Sources

Dany Sandron, Philippe Lorentz et Jacques Lebar photographe, Atlas de Paris au Moyen Âge. Parigramme, 2006.

 


Illustration du bandeau :  sceau de Robert le Pieux