L'Eglise au Moyen Age : prier, enseigner, secourir
Prier
A la fin du IXe siècle, devant les raids des Normands, la population se replie dans l’île où se créent de petites églises notamment pour les abbayes suburbaines, église-refuges pour les moines : Saint-Germain-le-Vieux, Sainte Geneviève-des-Ardents, Saint Landry pour Saint Germain-l’Auxerrois.
La silhouette de Paris fin XVe. L'entrée de Louis II d'Anjou à Paris (détail). BNF ^.
Le diocèse, l’évêque, la cathédrale
Le diocèse de Paris couvre l'ancien territoire des Parisii, soit environ 2 500 km², de Luzarches à Corbeil et de Conflans-Sainte-Honorine à Lagny. Il compte 426 paroisses regroupées en trois archidiaconés (Parisis, Hurepoix et Brie) et deux archiprêtrés pour la ville de Paris. L’évêque a autorité sur les curés du diocèse, archidiacres et archiprêtres servant de relai. L’évêque et les chanoines de la cathédrale tirent des revenus très importants des propriétés foncières et des droits seigneuriaux, tant à Paris que dans la région. A Paris l'évêque dispose de droits seigneriaux sur la rive droite autour des Halles et sur les terres agricoles situées entre la Seine et le fossé qui marque l'ancien bras du fleuve autour du village de la Ville l'Evêque.
La cathédrale Notre-Dame, le palais épiscopal et le cloître, voir l’île de la Cité.
L'île de la Cité ^ Les paroisses de Paris fin XVe < la ville, l'université |
Ces églises, notamment celles qui accueillent le plus grand nombre de paroissiens sont reconstruites ou agrandies à la fin du Moyen Age, après la guerre de Cent Ans : Saint-Gervais, Saint-Germain-l’Auxerrois, Saint-Nicolas-des-Champs, Saint-Eustache, Saint-Merri, Saint-Etienne-du-Mont, Saint-Séverin.
A ces églises sont associés des cimetières, plus ou moins grands, parfois entourés de charniers. Le plus grand, au cœur de la rive droite près des Halles, celui des Saints-Innocents, possède ainsi un charnier fait d’arcades en pierres dont le mur sud est décoré d’une danse macabre.
Couvents et monastères
Symbole d’une vie consacrée à Dieu et protégées par les rois, les communautés monastiques occupent une superficie considérable dans la ville à la fin du Moyen Age. Les plus anciennes et les plus importantes, Sainte-Geneviève, Saint-Germain-des-Prés, Saint-Martin-des-Champs puis les Templiers possèdent ou disposent de droits seigneriaux sur de vastes domaines dont ils tirent bénéfices et qu'ils pourront lotir lorsque la ville rejoindra ces monastères primitivement construits hors les murs. Fondée par Clovis et dédiée aux Saints-Apôtres, Sainte-Geneviève est la première abbaye parisienne. D’abord desservie par des Bénédictins puis par des chanoines, l’église et les bâtiments sont reconstruits au XIIIe siècle, dépendances et jardins s’étendent jusqu’à l’enceinte de Philippe Auguste. L'abbaye contrôle également le bourg Saint-Marcel. Plan de Sainte Geneviève au XVIIe, cliquez ici, façade, cliquez ici. | Les couvents à la fin du XVe s. |
Les Bénédictins. Outre Sainte-Geneviève, les premiers grands monastères parisiens relèvent de l’ordre des Bénédictins. C’est le cas de Saint-Germain-des-Près, fondé par Childebert, fils de Clovis (cf. le Bourg Saint Germain), de l’abbaye de Saint-Denis et de Saint-Martin-des Champs, prieuré mérovingien détruit par les normands, refondé sous l’égide de Cluny à la fin du XIe s. Dotés d’un vaste enclos entouré d’une enceinte, l’église et les bâtiments abbatiaux sont reconstruits au XIIIe s. Le prieuré de Saint-Martin des Champs > |
Autres couvents de bénédictins : l’abbaye de Saint-Magloire, les Bernardins (ou Cisterciens) et le couvent des Célestins qui, généreusement doté par Charles V occupe à partir de 1352 une vaste emprise précédemment occupée par des Carmes. Plan des Célestins. BnF. |
Les ordres canoniaux. Il s’agit de communautés constituées de chanoines assemblés en collèges, d’où le nom de collégiales donnée à leurs églises. Ils peuvent être réguliers – suivant généralement la règle de Saint Augustin - ou séculiers. Outre le chapitre de Notre-Dame, il faut mentionner ceux de la Sainte Chapelle, de Saint-Germain-l’Auxerrois, de Saint-Merri, et d’autres plus modestes tels que Sainte-Opportune, Saint-Honoré et Saint-Thomas-du-Louvre, rive droite et Saint-Benoit et Saint-Etienne-des-Grès sur la rive gauche.
Deux grandes abbayes sont administrées par des Chapitres : Sainte-Geneviève et Saint-Victor. Saint-Victor, créée au début du XIIe s. par Guillaume de Champeaux, en bordure de la Bièvre jouit d’une grande réputation comme centre intellectuel. L’église est reconstruite au début du XVIe, c’était l’une des plus belles de Paris. Façade de l'église, cliquez ici.
Les ordres mendiants. Au début du XIIIe siècle, de nouvelles communautés se forment pour lutter contre l’hérésie Cathare et réformer l’Eglise, en prônant un retour à la pauvreté, à la prédication et à la confession des fidèles. Dominicains (à Paris Jacobins du fait de leur implantation rue Saint Jacques) et Franciscains (ou Cordeliers) auxquels il faut ajouter les Carmes et les Augustins, s’implantent sur la rive gauche, proches de l’Université, dans des couvents qui mêlent locaux d’enseignement et d’hébergement et une grande église d’architecture sobre, apte à accueillir un grand nombre de fidèles. Leurs revenus doivent provenir de la mendicité et des dons. Ces quatre couvents participent fortement aux XIIIe et XIVe s. avec les Bernardins et Saint-Victor au renom intellectuel de Paris (Cf. l'Université). Portail du XV° s. du couvent des Jacobins de la rue Saint-Jacques Bibliothèque Historique de la ville de Paris / Cliché G. Leyris > | |
Les ordres militaires. Créés pour défendre les établissements chrétiens en Terre Sainte conquis par la première croisade, les ordres militaires s’implantent au début du XIIe dans les grandes villes. Les Templiers s’établissent vers 1139 dans ce qui va devenir l’enclos du Temple. Supprimé par Philippe le Bel en 1312, l'ordre du Temple est remplacé par l’ordre de Malte (ou de Saint-Jean-de-Jérusalem) déjà implanté à Paris sur la rive gauche (commanderie de Saint-Jean-de-Latran). Les chanoines réguliers de la Sainte-Trinité (Trinitaires) s’occupent du rachat des chrétiens prisonniers des musulmans. Ils sont installés près de l’hôtel de Cluny et appelés Mathurins, leur chapelle conservant des reliques de ce saint.
Les communautés féminines. Le faible nombre de couvents de femmes à Paris ne rend pas compte de leur rôle dans les œuvres de charité et les soins aux malades. Le premier monastère de femmes est celui de Saint-Eloi, fondé par Dagobert dans l’île de la Cité. En 1107, cette communauté est dissoute et remplacée par un prieuré de Bénédictins. A l’inverse, l’abbaye Saint-Pierre-de-Montmartre créée par des moines est occupée par des Bénédictines à partir de 1133. L’abbaye de Saint-Antoine-des-Champs, fondée fin XIIe, est rattachée à l’ordre de Cîteaux. Les Clarisses ou Cordelières sont installées au sud de Paris, près du bourg Saint-Marcel vers 1270 (le couvent en 1807. BnF Gallica).
Enseigner
Au Moyen Age l’enseignement est l’affaire de l’Eglise ; les lettrés sont très généralement des clercs et l’enseignement, à tous niveaux, est entre les mains du clergé.
L'enseignement élémentaire destiné aux jeunes enfants souvent destinés à la cléricature, est effectué dans les abbayes, souvent par les chanoines des collégiales et des cathédrales. A partir du XIIIe siècle, des maîtres d’école, rattachés aux paroisses sous le contrôle du Chapitre, se multiplient à Paris ; ce sont des clercs ou des laïcs titulaires d’un titre universitaire.
L'Université. Cf l'Université.
Secourir
Le plus ancien et le plus important est l’Hôtel-Dieu, dans l’île de la Cité, qui dépend du chapitre de Notre-Dame. Voir l’Ile de la Cité. La Commanderie de Saint-Jacques-du-Haut-Pas, fondée par Saint Louis, accueillait les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle ; il en allait de même de l’hôpital Saint-Jacques-aux-Pèlerins (1319), rue Saint-Denis. Les filles-Dieu, également rue Saint-Denis, accueillent les prostituées repenties. L’hospice du Saint-Esprit, place de Grève, est fondé en 1362 pour une centaine d’orphelins. Rue Saint-Honoré, l’hôpital des Quinze-Vingts est créé par Saint Louis pour 300 aveugles. L'hôpital des Quinze-Vingt. Hôpitaux, hospices et léproseries à la fin du XVe siècle > |
Les léproseries. La lèpre étant très contagieuse, elles sont construites en périphérie de la ville. Nombreuses
aux XIIe et XIIIe siècles, elles sont progressivement
supprimées avec la disparition de la maladie.
Liens
Plan des paroisses de Paris en 1786, J. Junié, ingénieur géographe.
Sur l'abbaye de Saint-Victor : sur Wikipedia Abbaye Saint-Victor de Paris
Sources
Dany Sandron, Philippe Lorentz et Jacques Lebar photographe, Atlas de Paris au Moyen Âge. Parigramme, 2006.