Paris en 1700


Présentation

- Paris de Louis XIV : environ 1 450 hectares ; 490 000 habitants

  • 1604 Création du mail de l’Arsenal
  • 1605 Hôtel de la Reine Margot au Pré-aux-Clercs
  • 1607 Edit de Sully sur l’alignement et la hauteur des maisons. Fondation de l’hôpital Saint-Louis. Début des travaux de la place Royale, de la place et de la rue Dauphine
  • 1612-1615 Construction du palais du Luxembourg
  • 1614-1635 Construction du pont Marie, lotissement de l’Ile Saint-Louis
  • 1616 Cours la Reine
  • 1624-1637 Lotissement du quartier Richelieu, construction du palais Cardinal (palais Royal)
  • 1623-1639 Lotissement du domaine de la Reine Margot (Pré-aux-Clercs)
  • 1633 Fondation du Jardin Royal des Plantes Médicinales
  • 1640-1700 Développement du Marais et du faubourg Saint-Germain
  • 1643 Fondation de l’abbaye de Port-Royal
  • 1644 Palais Mazarin, rue de Richelieu
  • 1645-1667 Construction du Val-de-Grâce
  • 1656  Construction de la Salpêtrière, hôpital général pour les mendiantes, folles et femmes de mauvaise vie
  • 1662-1674 Construction du collège des Quatre-Nations
  • 1670 Le Nôtre réaménage le jardin des Tuileries et trace le Grand-Cours (av. des Champs-Elysées)
  • 1671-1706 Hôtel des Invalides
  • 1676 Louis XIV fait détruire les fortifications sur la rive droite et aménager sur leur emplacement de larges boulevards, portes Saint-Denis et Saint-Martin
  • 1685-1689 le pont Royal est reconstruit en pierre
  • 1686 Place des Victoires
  • 1698 Place Vendôme


Cartes détaillées 

Paris en 1700

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Evolution 1600 - 1700

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Henri IV

En 1594, Henri IV entre dans une ville qui présente encore un aspect très largement médiéval de ville close, aux ponts couverts de maisons, sans espaces publics majeurs ordonnancés selon les principes de la Renaissance dont l’architecture ne concerne encore que quelques bâtiments publics ou privés. Un siècle plus tard, Paris sera une ville ouverte, moderne, déjà une ville des Lumières.

La croissance de la ville est particulièrement forte de 1600 à 1680, favorisée par la présence des rois et des courtisans, avant l’installation de la Cour à Versailles (1682), la multiplication des offices, l’enrichissement des financiers et, malgré les aléas politiques (la guerre de Trente Ans, la Fronde de 1648 à 1653) et des périodes de disettes et d’épidémies, une certaine prospérité qui attire les provinciaux.

Dès son arrivée au pouvoir, Henri IV multiplie les initiatives. En créant la charge de Grand Voyer, confiée à Sully, un Grand Conseil, et en prenant, en 1609, un édit obligeant les propriétaires de terrains libres à construire, il se donne les moyens de ses projets. En 1605 : décision de construire la place Royale (place des Vosges), 1607 : place et rue Dauphine, 1609 : projet de place de France. Cf. l’urbanisme d’Henri IV. Outre ces projets d’urbanisme et la construction de la grande galerie du Louvre, Paris lui doit également la première promenade plantée, le mail de l’Arsenal qui servira de modèle au cours la Reine aménagé par Marie de Médicis en 1616.

Le plan perspectif de Mathieu Mérian (1615) rend compte de la ville à la fin du règne du roi Henri IV.


Louis XIII

Louis XIII ne porte pas à Paris le même intérêt que son père. Il entreprend toutefois le quadruplement de la cour carrée du Louvre. Sous les ministères de Richelieu et de Mazarin (de 1624 à 1660), le rythme de construction ne faiblit pas mais les particuliers, entrepreneurs et financiers, prennent le relais des initiatives royales. Ce sont eux, attirés par la demande en hôtels particuliers et en logements et les profits potentiels, qui vont réaliser, avec différents associés et hommes de paille, de grands lotissements :

  •    L’île Notre-Dame, devenue île Saint-Louis en l’honneur de Louis XIII, lotie de 1614 à 1635 par l’entrepreneur Christophe Marie et deux associés, Le Regrattier et Pouletier en contrepartie de la construction de deux nouveaux ponts. Cf. l’île Saint-Louis.
  •    Le quartier Richelieu, loti suite à la décision de Richelieu de se construire un palais (le palais Cardinal, devenu depuis palais Royal) avec un jardin sur l’emprise de l’enceinte de Charles V. Cette décision entraîne le lotissement des terrains compris entre cette enceinte et celle de fossés jaunes par Pierre Pidou et Louis Le Barbier qui s’engagent à achever en maçonnerie cette dernière enceinte. Cf. Le quartier Richelieu.
  •      Le pré aux Clercs, lotissement du domaine de la reine Margot, sous la direction de Louis Le Barbier, à partir de 1623, avec la création du pont Royal précédé par un pont en bois. C’est l’origine du développement du faubourg Saint-Germain : rues de Lille, de Verneuil, de Beaune et de l’Université tracées sur les allées du parc. Cf. Le bourg Saint-Germain-des Prés.
  •    Le Marais du Temple par Claude Charlot et Michel Pigon, à l’emplacement prévu antérieurement pour la place de France. Cf. Le Marais.

Dans les années 1630 fut également construit le quartier de la Villeneuve-sur-Gravois, lotissement d’une ancienne butte de décharge en limite de l’enceinte de Charles V (quartier de Bonne-Nouvelle).

Dans le climat de grande ferveur de la Contre-Réforme, les constructions religieuses d’ordres récents ou plus anciens réformés se multiplient dans Paris, dans les quartiers en cours d’urbanisation (Le Marais, faubourg Saint-Honoré, faubourg Saint-Germain) et surtout faubourg Saint-Jacques où elles occupent tout l’espace entre les rues Saint-Jacques et Lhomond, la plus importante étant le Val-de-Grâce, fondation d’Anne d’Autriche en 1645. Cf. Les fondations religieuses au XVIIe.

Enfin deux hôpitaux sont construits en dehors de la ville, au nord, de 1607 à 1612 l’hôpital Saint-Louis, vaste quadrilatère de briques et pierres destiné aux pestiférés et, au sud-est en 1656, la Salpêtrière, à l’emplacement d’une ancienne poudrière transférée à l’Arsenal, pour recueillir, de gré ou de force, les mendiants errants dans Paris.

Le plan de Gomboust, premier plan géométral, présente la ville au milieu du siècle.


Louis XIV

Après 1661, sous l’impulsion de Colbert, le pouvoir royal reprend l’initiative. Avec la démolition des enceintes de Charles V et des Fossés Jaunes, remplacées par des boulevards plantés où des portes triomphales (portes Saint-Denis, Saint-Martin et Saint-Antoine) marquent les entrées de la ville, Paris devient ville ouverte. Une ligne de boulevards est amorcée sur la rive gauche, cependant que sont tracés les Champs-Elysées et le Cours de Vincennes.

Durant les premières années de son règne, avant que Versailles ne s’impose, Louis XIV entreprend d’achever le Palais du Louvre. Colbert fait appel aux plus célèbres architectes italiens du moment (Le Bernin, Pierre de Cortone, Carlo Rainaldi) cependant que les meilleurs architectes français (François Mansart, Le Vau…) multiplient les projets. Le Bernin vient à Paris en 1664, mais malgré un projet modifié et un début de travaux, c’est celui, limité au côté est de la cour Carrée, de Claude Perrault et de Le Vau qui sera réalisé, cf. Le Louvre et les Tuileries.

Deux autres réalisations de prestige sont engagées : le collège des Quatre-Nations (aujourd’hui l’Institut) fondé par Mazarin (Le Vau, 1661) et l’hôtel royal des Invalides destinés à l’accueil des blessés et invalides de guerre. Commencé en 1671 (Libéral Bruant), il sera achevé par Jules Hardouin-Mansart, architecte du dôme.

Sont également à mentionner, plus modestes et situées en dehors de la ville, les constructions de l’Observatoire (1668-1672) et des manufactures des Gobelins (1663), de la Savonnerie à Chaillot et de Reuilly, près de l’abbaye de Saint-Antoine, où sont fabriqués les miroirs de la galerie des Glaces de Versailles.

A partir de 1671, l’ambition du roi se cantonne à Versailles et les dernières réalisations du siècle sont d’initiative privée. La place des Victoire a été érigée par Hardouin-Mansart pour servir de cadre à une statue de Louis XIV offerte par le maréchal de la Feuillade (achevée en 1689). La place Vendôme (1686 - 1720 pour les dernières constructions), initiative de Louvois, également conçue par Hardouin-Mansart autour d’une statue de Louis XIV, est construite sur l’emplacement de l’hôtel de Vendôme et du couvent des Capucines qui sera reconstruit plus au nord par le même Hardouin-Mansart. Carrée à l’origine et ouverte sur la rue Saint-Honoré, elle deviendra octogonale et sa surface sera réduite pour en limiter le coût et augmenter la surface à bâtir.


Voir aussi

La Seine, les ponts et les ports de Paris, Le quartier Richelieu 

Saint-Laurent, le faubourg Saint-Germain, le faubourg Saint-Antoine, le Marais, Vaugirard


Liens externes

Plan de Mérian 1615.

Plan de Gomboust 1652           

Plan de Jouvin de Rochefort  1672, 

Conférence d'Alexandre Gady Paris capitale royale : stratégies architecturales de la monarchie, diaporama


Sources

Babelon (J.-P.), Demeures parisiennes sous Henri IV et Louis XIII, Paris 1965 (rééd. 1991).

Constans (Martine), Jardiner à Paris au temps des rois, Action artistique de la ville de Paris, 2003.


Illustration du bandeau  Porte de la Conférence © Roger-Viollet