Paris en 1900


Présentation

- 2 650 000 habitants, 7802 hectares

·     1853  Juin  Georges Eugène Haussmann, préfet de la Seine.

  • 1854  Place de l’Etoile, avenue Foch, boulevard de Sébastopol
  • 1855  Du 15 mai au 15 novembre : première Exposition universelle, sur les Champs-Élysées. Inauguration du Palais de l'Industrie le 15 mai.
  • 1857 – 1876  Boulevard Saint-Germain.
  • 1857  Inauguration des nouveaux bâtiments du Louvre.
  • 1858 19 mai : vote de la loi sur les grands travaux de Paris. Ils sont placés sous l'autorité du préfet de la Seine, Georges Eugène Haussmann.
  • 1860  1er janvier : annexion de onze communes en totalité (BellevilleGrenelleVaugirardLa Villette) ou en partie (AuteuilPassyBatignolles-MonceauBercyLa Chapelle, Charonne, Montmartre), ainsi que treize portions de communes. Le nombre d’arrondissements passe de 12 à 20.
  • 1862  Inauguration du boulevard du Prince Eugène (boulevard Voltaire) et du théâtre du Châtelet.
  • 1865  Les eaux de la Dhuys alimentent Paris. Création du grand magasin Au Printemps par Jules Jaluzot.
  • 1867 – 1876  Avenue de l’Opéra
  • 1867  Du 1er avril au 31 octobre : Exposition universelle sur le Champ-de-Mars. Ouverture des abattoirs de La Villette.
  • 1871 Du 21 au 28 mai : Semaine sanglante, écrasement de la Commune. Incendies du Palais des Tuileries, du Palais d'Orsay et de l'Hôtel de Ville.
  • 1875  5 janvier : inauguration de l'Opéra de Paris, remplaçant l'Opéra Le Peletier détruit par un incendie en 1873.
  • 1878  Du 1er mai au 10 novembre : Exposition universelle sur le Champ-de-Mars. Inauguration du Palais du Trocadéro.
  • 1881 Éclairage électrique des Grands Boulevards
  • 1882  Inauguration de l’Hôtel de Ville reconstruit.
  • 1889  31 mars : inauguration de la Tour Eiffel. Du 5 mai au 31octobre : Exposition universelle pour célébrer le centenaire de la Révolution française.
  • 1894  Inauguration des Galeries Lafayette, rue La Fayette.·    
  • 1900  Du 14 avril au 12 novembre : Exposition universelle sur le thème du « bilan d'un siècle ». 4 juillet : inauguration de la gare d'Orsay. 19 juillet : inauguration de la première ligne de métro entre Vincennes et la Porte Maillot.

 

  < carte détaillée Paris en 1900


Evolution 1850
 - 1900 >
 


La période qui s’ouvre avec l’élection à la présidence de la République de Louis-Napoléon Bonaparte, en décembre 1848, va s’avérer décisive pour Paris. La Restauration et la monarchie de Juillet ont connu une prise de conscience des problèmes que rencontre la capitale ; les enquêtes, les rapports et les projets se sont multipliés et le préfet Rambuteau a engagé des réalisations qui montrent les méthodes d’intervention. Le nouveau président s’intéresse à l’aménagement de Paris. Ayant en tête l’exemple de Londres où il a vécu en exil, il veut moderniser la capitale et, dès son élection, il presse le nouveau préfet Berger de poursuivre ou d’engager la réalisation des opérations commencées ou envisagées : prolongement de la rue de Rivoli, boulevard Diderot, boulevard de Strasbourg, rue de Rennes et rue des Ecoles. Avec Haussmann, il va trouver l’homme capable de mener une transformation en profondeur de la ville sous tous ses aspects : voirie, réseaux divers, parcs et espaces verts, équipements publics et mobilier urbain. Haussmann saura trouver les hommes à même de concevoir et de mettre en œuvre les projets ; il saura aussi mener à bien les procédures et trouver les financements. 

En 1853, au moment où Haussmann est nommé préfet de la Seine, deux types d’opération, pour une part déjà prévues et engagées, sont prioritaires : créer une grande croisée nord-sud et desservir les gares, nouvelles portes de Paris. Le prolongement de la rue de Rivoli du Louvre à la rue Saint-Antoine s’accompagne du quadruplement de la place de l’Hôtel de Ville (agrandi en 1841) et de l’ouverture de l’avenue Victoria en 1855. Le boulevard de Strasbourg est prolongé jusqu’aux Grands Boulevards et le boulevard Sébastopol est percé en 1858. Traversant l’île de la Cité, le boulevard du Palais est ouvert en 1858 et, au sud, le boulevard Saint-Michel est percé entre 1855 et 1859.

En 1854, Haussmann réaménage la place de l’Etoile avec Jacques Hittorf et ouvre l’avenue de l’Impératrice (avenue Foch) qui mène au bois de Boulogne, en cours de transformation. Hittorf dessine les douze hôtels qui marquent les angles des avenues rayonnantes qui partent de la place.

Le boulevard Saint-Germain, pendant sur la rive gauche de la rue de Rivoli, est décidé en 1855. Il double en partie la rue des Ecoles mais présente l’intérêt d’être plus bas dans la pente de la montagne Sainte-Geneviève et de relier des carrefours anciens et animés de la place Maubert à l’église Saint-Germain-des-Prés. Sa réalisation sera difficile et il ne sera ouvert en totalité qu’en 1876 ; son tracé suit en partie la rue Saint-Dominique dont certains hôtels et maisons ont pu être conservés. La place de la République, alors place du Château d’eau, est aménagée de 1856 à 1865, corrélativement avec l’ouverture des boulevards Magenta et Voltaire (boulevard du Prince Eugène).

En 1857, est prescrite l’ouverture du boulevard Saint-Marcel. Avec l’élargissement de la rue Mouffetard (devenue avenue des Gobelins) et le percement du boulevard Arago, le vieux bourg Saint-Marcel se trouve complétement démantelé ; il est vrai qu’à l’époque c’était un des quartiers les plus misérables de Paris.En 1858, la loi sur les grands travaux de Paris et la création d’une Caisse des travaux de Paris chargée de gérer la trésorerie des opérations, accélèrent les décisions de création de voies nouvelles (avenues d’Iéna, de la Tour-Maubourg, avenues Bosquet, Rapp, Henri-Martin, prolongement du boulevard Malesherbes…). La rue de Turbigo permet de desservir les Halles et constitue une artère stratégiques coupant en deux les quartiers populaires du centre qui deviennent facilement accessibles depuis la caserne de la place de la République.

Sur la rive gauche, l’année suivante, sont décidées les rues Monge et Gay-Lussac / Claude-Bernard qui mettent en relation l’avenue des Gobelins (route d’Italie) avec les boulevards Saint-Germain et Saint-Michel, en contournant le quartier latin. Le percement de la rue Monge met à jour les arènes de Lutèce.

En 1860, la décision de construire un nouvel Opéra boulevard des Capucines va entraîner jusqu’en 1875, date de l’inauguration de l’Opéra de Charles Garnier, la transformation de tout ce quartier et la démolition de nombre d’hôtels de la chaussée d’Antin. En 1865, est engagée la rénovation de l’île de La Cité, opération qui durera une douzaine d’années.

En 1860 également, l’annexion des communes situées entre les deux enceintes porte la population de Paris de 1 200 000 à 1 700 000 habitants ; la ville incorpore des communes en croissance rapide, notamment en accueillant les populations pauvres chassées du centre de Paris. Ces communes comportent de vastes espaces de jardins, de maraîchages, des usines, des entrepôts, des espaces d’habitats précaires. Paris fait alors l’objet d’un nouveau découpage administratif en vingt arrondissements qui génère de nouveaux équipements, notamment la construction de nouvelles mairies mais aussi d’églises, de casernes, de théâtres et d’hôpitaux.  La rue des Pyrénées à l’est et, au sud, les rues de Tolbiac, d’Alésia et de la Convention (1) forment une nouvelle rocade.

Parallèlement à l’ouverture de ces voies nouvelles, le Second Empire réalise un système d’alimentation en eau et un réseau d’égouts couvrant l’ensemble de la ville. L’eau potable est amenée par aqueducs à partir des sources de la Dhuys et de la Vanne qui aboutissent aux grands réservoirs de Ménilmontant et de Montsouris. Les égouts forment un ensemble hiérarchisé, de l’égout élémentaire aux grands collecteurs qui évacuent les eaux usées en aval de Paris à Asnières et aux champs d’épandage de Gennevilliers puis d’Achères.

La création de parcs et de jardins était une priorité de l’Empereur. L’aménagement du bois de Boulogne est engagé dès 1852 ; suivront celui du bois de Vincennes, la création des parcs des Buttes Chaumont et Montsouris et d’une trentaine de squares de quartiers.

Le bilan du Second Empire est ainsi considérable. Au prix d’immenses chantiers, un nouveau paysage urbain, fait de larges avenues rectilignes plantées et d’immeubles d’architecture très homogène s’est surimposé au tissu ancien ; des populations ont été déplacées, une ville « bourgeoise » s’est créée à côté de quartiers populaires désormais cloisonnés.

 

La Troisième République

Le siège de Paris et surtout la Semaine sanglante de mai 1871 ont laissé dans le centre de Paris des nombreux bâtiments en ruines qui, à quelques exceptions près dont le palais des Tuileries, ont été reconstruits rapidement (Hôtel de Ville, immeubles de la rue de Rivoli, de la rue du Bac, de la rue Royale). L'hôtel de Ville incendié. Jusqu’en 1914, la plupart des opérations d’aménagement réalisées à Paris sont la poursuite des projets commencés ou même simplement envisagés par Haussmann. La continuité est d’autant plus claire qu’Adolphe Alphand reste directeur des travaux de Paris pendant plus de vingt ans. Bien après 1870, sont ainsi achevés l’avenue de l’Opéra (1853 - 1876), la rue Réaumur (1864 - 1897), le boulevard Henri IV (1866 - 1877), le boulevard Raspail (1866 - 1906), l’avenue Mozart (1867 - 1896), l’avenue de la République (1868 - 1882)… Les percées nouvelles décidées après 1870 sont limitées : avenue Emile Zola (1905), rue Balard (1896 – 1912). L’urbanisation se poursuit sous forme de petits lotissements, d’une ou de quelques rues. Selon le quartier, la clientèle recherchée est plus ou moins riche. On compte ainsi une cinquantaine de lotissements dans le XVIe arrondissement parfois dus à des architectes de renom ; Hector Guimard construit ainsi deux ensembles rue La Fontaine (hameau Béranger et rue Agar).

De 1870 à 1888, le rythme des constructions est très rapide. Sauf les quatre premiers arrondissements, tous les quartiers se densifient fortement et le patrimoine immobilier de ces années-là, l’immeuble dit haussmannien, devient caractéristique du paysage parisien. Derrière des façades assez uniformes quel que soit le quartier (même gabarit, pierre de taille, balcons filants) les immeubles de « de rapport » s’adaptent à la clientèle du quartier par le décor sculpté, l’importance des halls d’entrée, la surface des pièces.

L’« immeuble 1900 » apparaît à la fin du siècle, favorisé par le règlement de 1902 ; il comporte un ou deux étages supplémentaires (rendus possibles par la diffusion des ascenseurs), des façades très ornées, des toitures comportant, aux angles des bâtiments, des dômes ou des lanternons.

Enfin, trois expositions universelles se tiennent à Paris en 1878, 1889 et 1900. Il s’agit de faire oublier la défaite de 1870, de commémorer le centenaire de la Révolution et le début d’un nouveau siècle en montrant au monde le nouveau visage de Paris.


Voir aussi 

Les HallesLe Louvre et les Tuileries, Le faubourg Saint-Laurentle faubourg Saint-Germainle faubourg Saint-Antoinele faubourg Saint-HonoréBelleville et CharonneVaugirard


Liens externes

Plan d'ensemble des travaux de Paris indiquant les voies exécutées de 1851 à 1868

Plan de Paris en 20 arrondissements, Andriveau - Goujon  1860


Sources

Loyer (François), Paris au XIXe siècle, l’immeuble et la rue, Hazan, 1987.

Des Cars (Jean) et Pinon (Pierre), Paris – Haussmann, Picard, éditions du pavillon de l’Arsenal, 1991.

Marchand (Bernard), Paris, histoire d'une ville, XIXe-XXe siècle, Paris 1993.

Pinon (Pierre), Atlas du Paris haussmannien, Parigramme, 2002.

Lamming (Clive), Paris au temps des gares, Parigramme, 2011.

Le Roux (Thomas), Les Paris de l’industrie, Créaphiséditions, 2013.

Gribaudi (Maurizio), Paris ville ouvrière, La Découverte, 2014.



(1) Réalisée sous la IIIème République.