Châteaux et folies de l'est parisien vers 1750


Belleville, Ménilmontant, Charonne

 

Les coteaux de Belleville, Ménilmontant et de Charonne accueillent au XVIIIe siècle dans un environnement agricole de vignes de grandes propriétés.

Le château de Ménilmontant, appartenait à la famille Le Pelletier. Il était aussi appelé Saint-Fargeau du nom de la seigneurie que possédaient les Le Pelletier dans l’Yonne. Construit par Michel Le Pelletier (1640-1725), intendant des finances, le château disposait d'un grand parc avec jardin à la française, bassins alimentés par des sources et un grand bois au sommet de la colline. Dès la fin du XVIIIe Michel le Pelletier de Saint-Fargeau (1) vend la partie nord du parc. Sa fille va lotir le domaine dans la première moitié du XIXe s, La rue Haxo suit l'une des allées du parc.

Le château des Bruyères (ou des Brières), propriété des Rohan, situé sur la commune des Lilas, disparaît fin XVIIIe – début XIXe s. 


< Belleville, Ménilmontant et  Charonne vers 1750

Le château de Bagnolet est construit à la fin du XVIIe s. pour Marie de Bourbon-Condé, princesse de Carignan. Propriété de la famille d'Orléans à partir de 1719, le Régent y effectue de nombreuses transformations.
Son épouse, la duchesse d'Orléans, en fait sa résidence favorite ; elle fait tracer à travers les vignes une allée plantée de deux rangées d'arbres pour accéder plus facilement au château (la rue des Orteaux). Il était célèbre pour la beauté de ses  jardins  dus à Desgots, neveu de Le Nôtre (illustration  :  cliquez  ici et ici  - plan du parc).
Le château et son parc sont vendus en 1769 par le duc de Chartes, futur Philippe-Egalité, qui préfère se consacrer à son domaine de Monceau. Le château est démoli en 1770 et le domaine morcelé. Le pavillon de l’Ermitage, construit en 1734 en bordure de la rue de Bagnolet, est l’unique vestige du domaine (photo, cliquez ici Wikimedia Commons).

Le château de Charonne, ancienne propriété de l’abbaye de Saint-Magloire, est construit aux XVIe et XVIIe siècles. Occupé à partir du milieu du XVIIe par une congrégation d'Augustines, le parc est loti et le château disparut fin XVIIIe.

La Folie Regnault, construite au XIVe s. par un épicier parisien, Regnault de Wandonne, est acquise par les Jésuites au milieu du XVIIe. Ils y établirent une maison de repos qui fut habitée par le père La Chaise, confesseur de Louis XIV (gravure d'I. Silvestre, cliquez ici) sous le nom de Mont-Louis (2). Le comte de La Chaise, frère du père jésuite, agrandit et embellit le domaine. Vendu par les Jésuites en 1763, le domaine est acquis par la ville de Paris en 1804 et transformé en cimetière par A-T Brongniart, le cimetière du Père-Lachaise.

Plus petit que les propriétés ci-dessus, le pavillon Carré de Baudouin (angle rue de Ménilmontant / rue des Pyrénées) est une folie construite au XVIIIe siècle comme lieu de plaisir et de villégiature. Nicolas Carré de Baudouin y fit adjoindre une façade palladienne avec quatre colonnes ioniques (photo, cliquez ici LPLT / Wikimedia Commons). 

D'autres "maisons des champs" se situaient à Charonne : rue Saint-Blaise, une propriété construites par François Blondel (n°2) et celle de l'architecte Le Camus de Mézières (n°5).


Les jardins du faubourg Saint-Antoine et de Bercy


La Folie Rambouillet

Une des premières folies de l'est parisien fut construite au XVIIe siècle, de 1633 à 1635, par le financier Nicolas de Rambouillet. Elle s'étendait entre la rue de Charenton et la rue de Bercy, le long de la rue de Rambouillet et avait de vastes jardins, ouverts au public, partie ornés de broderies, partie boisés, agrémentés de pavillons ; ils se terminaient par une terrasse donnant sur la Seine. Elle fut habitée par Madame de la Sablière, protectrice de La Fontaine. Le domaine fut vendu au début du XVIIIe ; il appartint  quelques temps à Law qui en fit un grand potager affermé à des maraîchers, avant d'être morcelé et de disparaître.

L'hôtel de Rambouillet au XVIIe cliquez ici. (Israël Silvestre)

< La folie Rambouillet sur le plan Jouvin de Rochefort en 1674

Bercy

Plan Delagrive 1740 ^ 


   
1790  Cliquez sur l'image ^

Au XVIIe et XVIIIe siècles, tous les terrains situés entre le rempart (boulevard de la Bastille) et la barrière de la Rapée étaient occupés par des chantiers de bois qui arrivaient par flottage sur la Seine et qui servaient aux constructions et au chauffage de Paris. On y trouvait aussi des dépôts de pierres de carrières.

Au-delà de la barrière et jusqu'à Charenton, le long de la rue de Bercy et de la rue de Charenton, on trouvait tout un ensemble de demeures de plaisance disposant de jardins jusqu'à la Seine agrémentés souvent de terrasses et de belvédères dominant le fleuve.

Le plus ancien, le domaine de La Rapée, était transformé fin XVIIIe en guinguette. Puis venaient le petit château de Bercy, ancienne folie de Gesvres, partagée en 1708 entre M. de la Croix et le futur contrôleur général des finances Philippe Orry, suivi par les hôtels de La Vieuville, Le Vayer et Pajot (ancienne folie de Chaulnes), la maison des champs  du duc de Rohan-Chabot et la propriété des frères Paris, famille de financiers qui jouèrent un rôle considérable sous Louis XV (illustration : le pavillon Paris de Montmartel dit  le Paté Paris, cliquez ici, BNF cabinet des estampes).


Le dernier domaine, de loin le plus considérable, était le château de Bercy, propriété de la famille Mâlon puis des Nicolaï. Le château, construit par François Le Vau, frère de Louis Le Vau, à partir de 1658 pour Charles-Henri de Malon de Bercy, marquis de Nointel, intendant des finances, se trouverait aujourd'hui à l'emplacement du boulevard périphérique. Le château fut détruit en 1861.

Les boiseries des salons,  considérées comme parmi les plus remarquables de la fin du style Louis XIV et des styles Régence et Rocaille ont été remontées dans plusieurs demeures prestigieuses dont l'hôtel de La Rochefoucauld-Doudeauville, rue de Varenne (aujourd'hui ambassade d'Italie).



< Le château de Bercy, vue depuis la Seine. Base Mérimée.


L'ensemble du site fut démembré au XIXe siècle par la construction de l'enceinte de Thiers (1841), les voies de chemin de fer de la gare de Lyon et la création des entrepôts de Bercy. Aujourd'hui, le parc de Bercy reprend à peu près l'emprise des jardins des demeures du petit château à la propriété des frères Paris.

 
Bercy en 1900 
 
Bercy en 2000
Photo aérienne du site aujourd'hui cliquez ici


(1) Député de la noblesse, il vote la mort de Louis XVI et sera assassiné en 1793.

(2) Louis XIV y aurait assisté à des combats de la Fronde.


Voir aussi

Les folies au XVIIIe s.

Liens

Sur le château de Bercy : http://chateaubercy.wifeo.com/


Sources

Jardiner à Paris au temps des Rois, Action artistique de la ville de Paris, 2003, article de J. Pronteau, Le faubourg Saint-Antoine.