Châteaux et folies de l'est parisien vers 1750
Belleville, Ménilmontant, Charonne
| Les coteaux de Belleville, Ménilmontant et de Charonne accueillent au XVIIIe siècle dans un environnement agricole de vignes de grandes propriétés. Le château de Bagnolet est construit à la fin du XVIIe s. pour Marie de Bourbon-Condé, princesse de Carignan. Propriété de la famille d'Orléans à partir de 1719, le Régent y effectue de nombreuses transformations. Son épouse, la duchesse d'Orléans, en fait sa résidence favorite ; elle fait tracer à travers les vignes une allée plantée de deux rangées d'arbres pour accéder plus facilement au château (la rue des Orteaux). Il était célèbre pour la beauté de ses jardins dus à Desgots, neveu de Le Nôtre (illustration : cliquez ici et ici - plan du parc). Le château et son parc sont vendus en 1769 par le duc de Chartes, futur Philippe-Egalité, qui préfère se consacrer à son domaine de Monceau. Le château est démoli en 1770 et le domaine morcelé. Le pavillon de l’Ermitage, construit en 1734 en bordure de la rue de Bagnolet, est l’unique vestige du domaine (photo, cliquez ici Wikimedia Commons). |
Le château de Charonne, ancienne propriété de l’abbaye de Saint-Magloire, est construit aux XVIe et XVIIe siècles. Occupé à partir du milieu du XVIIe par une congrégation d'Augustines, le parc est loti et le château disparut fin XVIIIe.
La Folie Regnault, construite au XIVe s. par un épicier parisien, Regnault de Wandonne, est acquise par les Jésuites au milieu du XVIIe. Ils y établirent une maison de repos qui fut habitée par le père La Chaise, confesseur de Louis XIV (gravure d'I. Silvestre, cliquez ici) sous le nom de Mont-Louis (2). Le comte de La Chaise, frère du père jésuite, agrandit et embellit le domaine. Vendu par les Jésuites en 1763, le domaine est acquis par la ville de Paris en 1804 et transformé en cimetière par A-T Brongniart, le cimetière du Père-Lachaise.
Plus petit que les propriétés ci-dessus, le pavillon Carré de Baudouin (angle rue de Ménilmontant / rue des Pyrénées) est une folie construite au XVIIIe siècle comme lieu de plaisir et de villégiature. Nicolas Carré de Baudouin y fit adjoindre une façade palladienne avec quatre colonnes ioniques (photo, cliquez ici LPLT / Wikimedia Commons).
D'autres "maisons des champs" se situaient à Charonne : rue Saint-Blaise, une propriété construites par François Blondel (n°2) et celle de l'architecte Le Camus de Mézières (n°5).
Les jardins du faubourg Saint-Antoine et de Bercy
La Folie Rambouillet
Une des premières folies de l'est parisien fut construite au XVIIe siècle, de 1633 à 1635, par le financier Nicolas de Rambouillet. Elle s'étendait entre la rue de Charenton et la rue de Bercy, le long de la rue de Rambouillet et avait de vastes jardins, ouverts au public, partie ornés de broderies, partie boisés, agrémentés de pavillons ; ils se terminaient par une terrasse donnant sur la Seine. Elle fut habitée par Madame de la Sablière, protectrice de La Fontaine. Le domaine fut vendu au début du XVIIIe ; il appartint quelques temps à Law qui en fit un grand potager affermé à des maraîchers, avant d'être morcelé et de disparaître. L'hôtel de Rambouillet au XVIIe cliquez ici. (Israël Silvestre)
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Bercy
Plan Delagrive 1740 ^ | 1790 Cliquez sur l'image ^ |
Au XVIIe et XVIIIe siècles, tous les terrains situés entre le rempart (boulevard de la Bastille) et la barrière de la Rapée étaient occupés par des chantiers de bois qui arrivaient par flottage sur la Seine et qui servaient aux constructions et au chauffage de Paris. On y trouvait aussi des dépôts de pierres de carrières.
Au-delà de la barrière et jusqu'à Charenton, le long de la rue de Bercy et de la rue de Charenton, on trouvait tout un ensemble de demeures de plaisance disposant de jardins jusqu'à la Seine agrémentés souvent de terrasses et de belvédères dominant le fleuve.
Le plus ancien, le domaine de La Rapée, était transformé fin XVIIIe en guinguette. Puis venaient le petit château de Bercy, ancienne folie de Gesvres, partagée en 1708 entre M. de la Croix et le futur contrôleur général des finances Philippe Orry, suivi par les hôtels de La Vieuville, Le Vayer et Pajot (ancienne folie de Chaulnes), la maison des champs du duc de Rohan-Chabot et la propriété des frères Paris, famille de financiers qui jouèrent un rôle considérable sous Louis XV (illustration : le pavillon Paris de Montmartel dit le Paté Paris, cliquez ici, BNF cabinet des estampes).
Le dernier domaine, de loin le plus considérable, était le château de Bercy, propriété de la famille Mâlon puis des Nicolaï. Le château, construit par François Le Vau, frère de Louis Le Vau, à partir de 1658 pour Charles-Henri de Malon de Bercy, marquis de Nointel, intendant des finances, se trouverait aujourd'hui à l'emplacement du boulevard périphérique. Le château fut détruit en 1861.
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(1) Député de la noblesse, il vote la mort de Louis XVI et sera assassiné en 1793.
(2) Louis XIV y aurait assisté à des combats de la Fronde.