Montmartre


Haut perché - 129 m sur la place de l’église Saint-Pierre – Montmartre a conservé jusqu’à aujourd’hui, rue Saint-Rustique et rue Norvins, un caractère villageois très spécifique et unique à Paris.

Au XVsiècle, une quarantaine de maisons au sommet de la butte sont occupées par une population de vignerons, de laboureurs et de meuniers, à côté d’une abbaye de Bénédictines fondée en 1134 par le roi Louis VI et la reine Adélaïde de Savoie. A mi-pente vers Paris, la chapelle du Martyrium rappelle la décollation de Saint Denis. 

Le village, à l’écart des grandes voies de communication et desservi par des chemins difficiles, vit sans doute replié sur lui-même. La vigne occupe les pentes vers le nord, vers le hameau de Clignancourt et une partie du vin est destinée aux auberges des Porcherons. Le village est entouré de jardins où poussent pêchers et cerisiers. Le sommet de la butte est occupé, à partir du XVIe s. par des moulins. On en compte treize au XIXsiècle ; deux, désaffectés, subsistent aujourd’hui. Au XVIIIe siècle, les pentes sud, est et ouest sont truffées de carrières de gypse.

Montmartre en 1450 avec la voirie actuelle  >

Montmartre en 1700, détail de l’abbaye « d’en bas »  >

En 1534, Ignace de Loyola, François Xavier et cinq compagnons venus se recueillir au martyrium décident de fonder un ordre, approuvé par le pape en 1540, la Compagnie de Jésus. En 1622, un prieuré est fondé autour du Martyrium puis de nouveaux bâtiments s’élèvent autour d’un cloître et, en 1686, la communauté de Bénédictines des Dames de Montmartre est transférée dans cette nouvelle abbaye ou « abbaye d’en bas », une galerie relie les deux parties du monastère. L’ancienne église, dédiée à Saint Pierre, devient l’église paroissiale du village à côté de la place du Tertre. Jusqu’à la Révolution, le terroir de Montmartre dépend de la censive de l’abbaye qui s’étend vers le sud jusqu’au Grand Egout, alors que le hameau de Clignancourt constitue une seigneurie autonome.

 
 

Montmartre en 1790  ^        

<  Montmartre sur le plan de Roussel, 1730.


Au XVIIIe siècle, des maisons de campagne, des "folies", occupent les pentes, au nord, vers Clignancourt et, au sud, vers Paris. On trouve ainsi la folie Sandrin, le Château des Brouillards, la folie Montigny et, plus à l'est, le Château Rouge. Le plan de Roussel de 1730 montre bien le caractère des lieux : l’emprise considérable des carrières à ciel ouvert, les moulins au sommet de la butte, les maisons avec jardins sur les pentes.

A la veille de la Révolution, Montmartre compte environ 400 habitants.

En 1790, la Révolution crée la commune de Montmartre, d’une superficie réduite par rapport a la censive de l’abbaye : les Porcherons et le faubourg Montmartre, à l’intérieur de l’enceinte des Fermiers Généraux, sont intégrés dans Paris. L’abbaye « d’en bas » est vendue à des maçons et des carriers en 1794. Les bâtiments sont démolis et le sol défoncé pour exploiter le gypse. Dans les années 1840, le terrain de l’abbaye, remblayé, est loti ; sont alors ouvertes les rues Antoinette (rue Yvonne-Le-Tac), Gabrielle, Berthe et rue des Trois Frères. A partir de 1844, le parc du "Château Rouge", belle demeure édifié en 1780, est loti ( rues Poulet, Doudeauville, Myrha, Custine). Voir La fabrique de la ville.  

Les « barrières » de l’enceinte, boulevards de Clichy et Rochechouart, attirent ici comme en bien des endroits autour de Paris, des cabarets, des guinguettes et des bals où les Parisiens viennent se divertir en consommant des boissons moins chères qu’à l’intérieur de Paris. Les bals de l’Elysée-Montmartre et de la Boule Noire datent de 1807 et 1822.

 
   Montmartre en 1850 ^
 
Montmartre en 1900  ^    


Les constructions se développent au bas des pentes, souvent à l’emplacement des jardins des maisons de campagne, entre la rue Lepic et la rue d’Orcel, et, à l’est, le long des rues de Clignancourt et Ramey. Ceint de pentes abruptes et de carrières, le village en haut de la colline conserve son caractère rural.

La commune de Montmartre connaît une très forte croissance démographique de 1830 à 1860 : sa population atteint 40 000 habitants en 1860 au moment où elle est intégrée dans Paris.

Pour désenclaver les pentes au nord de la colline, restées agricoles, et permettre leur construction les rues Caulaincourt, Lamarcq et Custine sont percées à partir de 1867. Plus au nord, la rue Ordener vient dédoubler la rue Marcadet, voie principale du petit village de Clignancourt. La place Jules Joffrin va devenir le centre du nouveau quartier avec la construction de l’église Notre-Dame de Clignancourt -inaugurée en 1863- et de la mairie du XVIIIe arrondissement (1892) qui remplace celle de la place des Abbesses, ancienne mairie de la commune de Montmartre. Tout ce quartier s’urbanise entre 1860 et 1914 (square Clignancourt 1912).

En 1900, alors que se construit la basilique du Sacré-Cœur (1876 – 1914), le sommet de la butte reste peu construit. A l’ouest, le « maquis » est un terrain vague qui accueille chiffonniers et marginaux. Le percement de l’avenue Junot à partir de 1910 va le faire disparaître. Le prolongement de cette avenue jusqu’à la place du Tertre, vivement contesté, est abandonné.

Vues des carrières de Montmartre en 1810. et en 1820.

Vue de Montmartre, depuis la Cité des Fleurs aux Batignolles. A. Sisley 1869  >


A la fin du XIXe siècle, Montmartre devient la résidence de peintres, de poètes et  de chanteurs : Picasso, Braque, Max Jacob, Apollinaire, Marcel Aymé, Carco, Aristide Bruant... Rue d’Orchampt se trouve le Bateau-Lavoir qui comporte toute une série d’ateliers, le Château des  Brouillards est un temps habité par Renoir alors que la folie Sandrin accueille la clinique du docteur Blanche.

Aujourd’hui le PLU (Plan Local d’Urbanisme) de Paris, très précis, parcelle par parcelle, vise à figer le paysage urbain de Montmartre.



Voir aussi

 

Liens externes

http://histoiremontmartre.fr/

https://www.herodote.net/La_butte_Montmartre-synthese-1868.php

 

Sources

 Rouleau (Bernard), Villages et Faubourgs de L'ancien Paris. Histoire d'un espace urbain. Paris, éd. Seuil, 1985.