Les enceintes après 1790
L'enceinte des Fermiers Généraux
Depuis la fin du XVIe siècle la perception de l’impôt est confiée par le roi à une compagnie de financiers, la « Ferme générale ». A Paris la Ferme générale perçoit les droits d’octroi sur les marchandises qui entrent dans la ville, alors que la campagne reste soumise à la taille. L’extension de la ville au cours du XVIIIe s, la complexité de ses limites juridiques et le fait que celles-ci ne sont matérialisées que par des palissades et des barrières sur les faubourgs et les voies d’accès induisent une fraude considérable qui réduit (de l’ordre de la moitié semble-t-il) les revenus attendus par la Ferme et donc par le Trésor royal et par la ville.
Une urbanisation spécifique va se développer à l’extérieur de l’enceinte qui attire de nombreux établissements de loisir, restaurants, guinguettes, cabarets, bals, les boulevards plantés servant à la promenade. Au nord-est, le bassin de La Villette (1808) devient ainsi avec la rotonde de Ledoux un espace très fréquenté des promeneurs, avant d’être investi par les entrepôts et les activités industrielles. La place de Clichy et, à Montparnasse, la rue de la Gaîté ont conservé ce caractère de lieu d’animation festif populaire.
En 1860, l’annexion de la « petite banlieue », entraîne le report de l’octroi aux portes de l’enceinte de Thiers ; le mur et la plupart des bâtiments de Ledoux sont démolis.
L'enceinte de Thiers
Le débat s’engage réellement sur le système de défense de Paris à mettre en œuvre en 1830. Deux écoles s’opposent : les partisans d’une ligne fortifiée continue et ceux de forts détachés. En octobre 1832, le général Valazé propose un premier tracé d’enceinte continue et le général Bernard une suite de forts. En 1836, on projette de combiner les deux systèmes. Le projet final est arrêté en septembre 1840, Thiers étant président du Conseil ; les travaux sont menés rapidement, l’enceinte est achevée en 1844.
^ La porte des Lilas sur le cadastre de 1900 Le canal de l'Ourcq et la porte de Pantin. Atlas communal du département de la Seine, 1854. IGN > |
Cette enceinte ne génère pas d’urbanisation. Les communes concernées se développent rapidement à l’intérieur de l’enceinte, dans la continuité avec Paris, ce qui les conduit à construire de nouveaux équipements, mairie, écoles, marchés… La commune de Montrouge, coupée en deux par l’enceinte et dont le village se trouve à l’extérieur, construit ainsi une nouvelle mairie flanquée de deux école au nord de l’avenue du Maine (la mairie actuelle du XIVe arrondissement).
Après la guerre de 1870 et le siège de Paris, la zone non aedificandi, la « zone », se couvre de baraques et de constructions légères, véritable bidonville aux portes de Paris qui accueille à la veille de la guerre de 1914 plus de 30 000 habitants. L’enceinte est déclassée en 1919.
L'enceinte de Thiers porte de Versailles. BnF.
LIENS
Fortifications de Paris et de ses environs adoptées par les Chambres, 1841
Plan de Paris fortifié, Andriveau-Goujon 1846
SOURCES
Renaud Gagneux, Denis Prouvost, Sur les traces des enceintes de Paris. Parigramme, 2004.